Pourquoi les zèbres ont des rayures ?

Imaginez. Vous êtes en safari dans une savane africaine. Vous apercevez un troupeau de zèbres qui passe. Puis subitement, ils commencent par courir. Peut-être ont-ils senti l’arrivée d’un prédateur. Mais vous, ce n’est pas ce qui vous intéresse. Vous n’arrivez pas à décrocher vos yeux de ce spectacle si saisissant. Mais que c’est beau vous vous dites ! Et puis d’un coup, ça fait tilt dans votre tête. Ce ne sont pas les premiers animaux que vous apercevez depuis votre séjour. Pourquoi ceux-là ont ce pelage aussi particulier ? Pourquoi les zèbres ont-ils des rayures ? 

À vrai dire, cela fait des années que les scientifiques se penchent sur la question. On ne peut pas leur reprocher cette curiosité. Même si vous n’avez vu des zèbres qu’en photo ou la télé, vous vous demandez pourquoi ce pelage aussi original. Quoique depuis février 2019, un semblant de réponse définitive se prélasse à l’horizon. Les zébrures ont-elles donc une utilité particulière ?

Depuis des dizaines d’années, les scientifiques proposent des théories pour répondre à cette question. Malheureusement, ces théories si elles ne sont pas réfutées, ne sont pas non plus prouvées. Mais pour assouvir votre curiosité, nous allons passer en revue les hypothèses les plus probantes. Qui sait ? Vous aurez peut-être une illumination !

Des rayures pour échapper aux prédateurs

L’une des théories les plus diffusées sur la robe contrastée des zèbres est qu’elle leur permettrait de se camoufler vis-à-vis des prédateurs. Les rayures blanc et noir permettraient donc aux zèbres de mieux de se fondre dans la savane. L’idée va plus loin en disant qu’un groupe de zèbres en fuite provoquerait un effet éblouissant, ce qui perturberait la vue des prédateurs.

Bien entendu, cette hypothèse a été farouchement réfutée plus tard, quand il a été prouvé que les zèbres étaient plus que bien visibles dans la savane pour l’œil humain, et ce même dans une zone avec peu de lumière. En outre, ils constituent une proie très facile pour des prédateurs tels que les félins. En cas de danger, la fuite de ces équidés en groupe ne semble en aucun cas éblouir la vue des prédateurs qui les auraient déjà flairés.

Des rayures pour une meilleure régulation de la température

Quelques années plus tard, une autre hypothèse est apparue. Celle selon laquelle, les rayures permettraient aux zèbres de mieux supporter la forte chaleur de la savane africaine. Les bandes blanc et noir absorberaient différemment les rayons solaires, ce qui donnerait une température plus basse que celle des autres herbivores de la même taille vivant dans les mêmes conditions. Cette théorie, n’est à ce jour, pas plus étayée.

Des expériences ont été réalisées avec des barils d’eau recouverts de fourrures rayées et cela n’a montré aucune diminution de la température de l’eau. On est allé plus loin en prenant les températures des zèbres et d’autres animaux sauvages vivant dans les mêmes conditions et devinez quoi ! aucune différence.

Des rayures qui favorisent la cohésion sociale

Selon cette théorie, les rayures joueraient un rôle significatif dans les interactions sociales. Elles faciliteraient l’identification de chaque individu. Les zébrures permettaient donc aux individus d’un même groupe de se reconnaître. Les motifs étant uniques pour chaque zèbre, cette idée pourrait sembler logique. Toutefois, il a été constaté que les chevaux n’avaient pas besoin de cela pour très facilement se reconnaître. Or, ces derniers s’organisent de la même manière que les zèbres sur le plan social. La théorie selon laquelle les rayures serviraient à une fonction de reconnaissance sociale n’est donc pas plus corroborée que ça.

Des rayures qui protègent contre les mouche tsé-tsé ?

Selon des études effectuées depuis 1930, contrairement aux autres animaux sauvages, les zèbres seraient plus sensibles à la maladie du sommeil provoquée par les mouches tsé-tsé. Les rayures permettraient donc aux zèbres de se protéger contre les piqûres de ces parasites. Cette idée a été testée en 1981 puis en 1992 sans grande avancée.

Des rayures qui repoussent les insectes ?

Depuis quelques années, des chercheurs se sont véritablement penchés sur dernière théorie. Il faut dire que des hypothèses tout aussi loufoques les unes que les autres (que nous n’avons pas cité jusque-là) ont circulé sur le sujet. On est même allé jusqu’à dire que les rayures rendaient les zèbres « plus gros qu’ils ne le sont déjà », ce qui relativement compliquerait la tâche aux prédateurs. Il fallait donc recadrer les choses.

En 2014, les travaux ont eu une réelle avancée avec une étude effectuée sur des taons, les mouches suceuses de sang. Le Professeur Tim Caro, biologiste à l’université de Bristol, en observant des enregistrements vidéos a pu observer le comportement des taons auprès des zèbres et des chevaux domestiques. Ces insectes, ayant une vision polarisée, avaient des grandes difficultés à se poser sur les zèbres. Les rayures des zèbres constitueraient donc un camouflage efficace contre leurs piqûres.

Nous allons occulter le langage quelque peu technique des scientifiques pour dire tout simplement que les rayures empêchaient les taons de se poser facilement sur les zèbres. Néanmoins, quelques interrogations persistent. Les zèbres ne restent pas véritablement dans des milieux où il y a des mouches tsé-tsé et des taons. Les chevaux domestiques par contre, oui. Il fallait donc porter une certaine mesure sur cette énième théorie.

Une expérience qui départage

En 2019, une équipe dirigée par le Professeur Tim Caro, et le docteur Martin How de UC Davis en Californie, s’est rendue dans une écurie, au sud-ouest de l’Angleterre pour trouver une bonne fois pour toute une réponse à la question.

Cette écurie rassemble et des zèbres, et des chevaux domestiques. Elle est d’ailleurs située dans une zone où les taons sont nombreux. Ils ont donc pu observer de plus près ces insectes autour des zèbres et des chevaux.

Pour les besoins de l’expérience, les chercheurs ont recouvert certains chevaux de manteaux noirs pour les uns, et blancs pour les autres. D’autres chevaux ont été carrément déguisés en zèbres. Vous vous demandez comment ? Eh bien, n’allez pas très loin, on les a juste recouverts de tuniques rayées noir et blanc.

Qu’ont-ils découvert ? Le Dr Martin How souligne : « Les mouches semblaient se comporter relativement naturellement autour [des chevaux et zèbres], jusqu’à ce qu’il s’agisse d’atterrir ».

Ces derniers s’approchaient très rapidement des zèbres mais percutaient à chaque fois à la surface ou avaient du mal à se poser confortablement. Le même effet s’est produit chez les chevaux recouverts de manteaux rayés noir et blanc. Contrairement chez les autres chevaux où il n’y avait aucun problème. Cette difficulté s’expliquerait donc par la perturbation visuelle qu’auraient provoqué les rayures au moment de l’approche finale.

Cette observation a duré plus de 5 heures, pendant lesquelles aucune mouche n’a réussi à se poser sur les zèbres. Par contre, en 11 heures d’observation, ces insectes se sont posés à 230 reprises sur les chevaux non recouverts de manteaux rayés.

Et si le mystère était enfin résolu ?

Cette étude, publiée sur PLOS ONE a démontré que les zébrures avaient véritablement une influence sur le comportement des taons lorsque ces derniers étaient près des zèbres. De loin, il n’y a aucun problème, mais plus près, les insectes ne pouvaient plus attaquer les équidés porteurs des rayures. L’hypothèse semble d’autant plus logique car les piqûres de certains insectes peuvent être mortelles pour l’animal, ces derniers étant souvent porteurs de maladies très graves.

Par ailleurs, les zèbres se défendaient mieux que les chevaux pour se protéger des insectes, en agitant leur queue d’une façon très rapide ou en se mettant à courir. Ils subissent donc généralement moins de piqûres.

On a donc aujourd’hui une hypothèse qui tient vraiment la route. Les zébrures repoussent les insectes et protègent ainsi les zèbres contre leurs piqûres.

Si au cours de votre lecture, vous avez développé votre propre théorie, lancez toujours vos recherches, on ne sait jamais ; dit-on. On n’en a pas fini d’entendre parler des rayures des zèbres. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle découverte pourrait potentiellement représenter une aubaine pour les éleveurs et l’industrie de la mode. Chevaux et cavaliers seront peut-être bientôt tous rayés😉 !